CORRESPONDANCE

Le Vicomte Du Beaubrazier s'adresse à la Marquise de la Glacerie aux dernières heures de sa vie...

 

Madame,

 

    Ah, ma belle, les cieux ont glissés pour toujours vers d’autres projets que l’amour…

    Nul sentiment n’eut pu résister à vos sombres dessins, fussent-ils malicieux.

    Sur une cascade de désirs et dans mes rêves les plus fous, j’ai du forgé un avenir !

    Larmes après l’arme, quand s’enfonce le destin, et jusqu’au dernier souffle, j’emporte l’estime que tu daignes laisser  au prisme d’un air qui ressemble à l’encens.

    Sur le bûcher d’une flamme, pour un temps qui ressemble à l’enfer, mes pensées de la nuit, goutte à goutte, perlent le lit, d’un parfum que la mort nomme la vie !

    Cette missive éprise de vos mains ; portez-là sur le cœur que j’hume votre chair, caressez-moi de vos yeux avant la sombre nouvelle !

    Hélas, je m’éteins dans la brume de vos larmes et vous quitte sans querelle. M’aimez-vous de cet amour sans projets,  saignez-vous d’un mal sincère qui fut par votre main le bourreau de mon âme ?

    Chassez  fautes et remords qui vous traquent l’esprit, je vous pardonne tout et j’oublie.

    Puissiez-vous reconnaitre l’amertume de la haine, c’est le sentiment que j’emporte à la fin.

                                                                               

                                      Je vous prie d'agréer, Madame la Marquise, l'expression de mes respectueux hommages.

Je vous prie d'agréer, Madame la Duchesse, l'expression de mes respectueux hommages.
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Je vous prie d'agréer, Madame la Duchesse, l'expression de mes respectueux hommages.
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Réponse de la Marquise de La Glacerie au Vicomte Du Beaubrazier.

 

Monsieur,

 

    Pour un instant qui fût sans conséquences, mon cœur s’est remis à tremblé ; vos yeux ont parlés. Poser sur mon corps un tel transport a laissé ma citadelle sans remparts !

    Je vous ai cherché du regard toute la soirée comme une sentinelle aux abois. D’une émotion propre au malaise à la folie indicible, que ce geste furieux de prêter une main à vos lèvres me fût fatal, fit de vous en effet un martyr désigné !

    J’ai reculé de trois pas dans la nuit, me suit soumise à la courtoisie, fermé les yeux et pensé à la vie…

    Vos désirs ont noyés un esprit que je croyais infini ; votre cœur a vu une bague, votre chair une dague.

    Votre esprit est affublé d’une fausse causalité ; aux larmes de conseiller, voyez plutôt une suée !

    Monsieur, je n’ai que faire de vos plaintes ornementales ni de vos jolis propos, de grâce, administrez-moi la nouvelle !

    Votre nom remplit mon salon de ce parfum indécis ! Êtes-vous encore parmi nous ? J’attends pour en faire part, elle n’est pas établie !

    Inutile de clamer vos rancœurs, garder je vous prie un doigt de pudeur !

    Quand au goût amer, de cette aventure, je vous laisse le soin mon cher, d’en méditer la rupture !

 

                                                                        Je vous prie d'agréer, Monsieur Le Vicomte, l'expression de toute ma dignité.

 

Le Vicomte interloqué s'empresse de répondre...

 

 

Madame,

 

La lame était froide, la surprise de taille, la méprise s'étend sur un front perdu !

Point de coupable au royaume de l'amour, seules des victimes incongrues.

Mon coeur s'est ouvert simplement, vous avez vu un ouragan. Je balaye éperdument les feuilles de la cour mais les vents ont pris la rose.

Je gage que votre geste semblable à l'égarement, puisse trouver salut le temps d'une pause.

Laissez-moi vous dire à l'instant, ni folie ni perdition ne sont les causes de ma déception. Vous m'accordez la fin d'une histoire qui n'en a jamais pris le chemin.

J'ai besoin de vous dire devant la clôture qu'un autre chapitre se prépare. Je ne suis pas au coeur d'un salon mais en proie au délire.

Je tousse à merveille la sève de la vie, regrette le départ, mais avant tout point de ire !

C'est mon dernier voyage, dieu a pris les rênes de ma vie, je vous tends la main...

 

                                                                                        Je vous prie d'agréer, Madame La Marquise, ma profonde considération

 

 

Réponse furieuse mais trompeuse de la Marquise de La Glacerie au Vicomte Du Beaubrazier.

 

Monsieur,

 

Vous m'avez violé du regard puis ignoré et maintenant me voilà folle à vos yeux ?

Le sens des réalités vous a quitté, vous l'avez dit vous-même.

Balayez mon cher, rendez la place nette et changez de lieu !

Vos râles sont d'une mélodie douteuse, je préconise un autre thème !

J'ai à vous parler droit dans les yeux, vous escorter vers la raison, vous inviter à fuir mes intuitions. Suivez mon conseil et celui du divin, votre âme qui n'a point d'ennemis est en de belles mains.

Faites ce que Dame nature vous enjoint, éteignez vos espoirs, par-dessus tout éclairez mon esprit ?

Vous ne quittez ni le salon ni la vie, cela me rend folle, oui ; cessons ce jeu de mains je vous dis !

Hier encore, le Marquis de Courtebranche me soufflait des avances de la plus haute impatience, il est tombé de haut le lutin ! Voyez-y un signe du destin.

Plus que tout beau râleur, l'esprit comme l'eau, se retire en lambeaux...


                                                               Je vous prie d'agréer, Monsieur Le Vicomte, l'expression de mon indignation paresseuse.

Le Vicomte de Beaubrazier en proie au délire, s'enflamme avec regrets

À suivre...